Monja

« Je suis ravi de vous présenter ma Clonade « Monja », une œuvre inspirée par la vie incroyable de Catalina de Erauso. Cette femme a vécu au début du 17ème siècle et a mené une vie hors des sentiers battus en adoptant une identité masculine afin de pouvoir voyager et obtenir des opportunités qui étaient alors réservées aux hommes et interdites aux femmes. Elle a vécu des aventures incroyables, combattant comme soldat, voyageant à travers l’Amérique latine et même étant capturée par les autorités pour avoir été démasquée en tant que femme.
En choisissant de l’utiliser comme inspiration pour cette Clonade, je voulais souligner l’importance de ces femmes qui ont vécu à un époque où les normes socio-sexuelles étaient encore plus restrictives qu’aujourd’hui (et que l’on appelle maintenant le « genre ») : de très nombreuses activités et métiers permettant de participer au monde et à la société étaient interdites aux femmes, confinées aux travaux domestiques et à la création de nouvelles vies, fondamentale à l’organisation économique et sociale mais non rémunérées, tandis que les hommes créaient un monde selon leurs besoins et leurs ambitions.
Catalina de Erauso a vécu sa vie de manière authentique et courageuse en trompant les attentes et les normes de son époque : afin de pouvoir vivre et voyager, afin de pouvoir aimer les femmes (au moins une !) – et peut-être que son lesbianisme était-il le moteur de son refus, voire de son incapacité à se conformer au rôle social et sexuel qui lui était destiné par cette société rigidement normée –, elle a dû se faire passer pour un homme. C’est pour cette raison que j’ai choisi de rendre hommage à son histoire en créant cette Clonade.
Il est important de rappeler que cette histoire n’est pas un choix selon le « genre », mais bien un choix selon le « sexe ». Les femmes ont été et continuent d’être opprimées par une société qui les force à se conformer à des rôles socio-sexuels (« normes de genre ») infériorisants et restrictifs. Il faut rappeler l’histoire de telles femmes, qui ont vécu en trompant les normes qui leurs étaient imposées en se faisant passer pour la classe dominante des hommes, et qui ont tenté de s’épanouir malgré les obstacles.

P.S. : Transgresser les normes aurait été de voyager en tant que femme, avec des vêtements masculins pratiques ; ces femmes n’ont pas transgressé ni dépassé les normes : elles ont été forcées de « tromper » la société en se faisant passer pour la classe de leur oppresseur. »